La part du Démon

Mathieu Lecerf

Date de publication : 11 juin 2024

Bonjour à tous.

En général, quand un roman ne me plaît pas, je ne vais pas jusqu’au bout, et du coup, je ne me permets pas d’en parler. Mais pour celui-ci, j’ai fait l’effort, car je voulais savoir où l’auteur allait m’emmener. Sachant qu’il se targuait d’un bandeau alléchant du prix bête noire des libraires, ainsi que d’un autre prix.

Commençons par le pitch : Nous allons suivre un duo de flics parisien, Esperanza Doloria qui débute sa première enquête, au côté de Manuel de Almeida, le capitaine vieux briscard. Ils sont missionnés sur le meurtre assez sordide d’une religieuse. Ils vont enquêter autour d’un foyer catholique qui semble laisser planer quelques pratiques peu recommandables.

Si le départ sonne plutôt bien, j’ai rapidement été perturbé par cette façon d’écrire assez inhabituelle. Au début, je ne comprenais pas d’où cette impression venait, mais avec mon expérience de relecture et de correction de mes propres manuscrits, j’ai enfin trouvé. L’usage intempestif de phrases à rallonge et du signe de ponctuation « ; ». Le problème, c’est qu’une fois découverte, chaque itération de ce tic d’écriture a accroché mes yeux, rendant ma lecture très compliquée.

Autre remarque, qui n’est pas spécifique à cet auteur d’ailleurs : pourquoi travailler les personnages avec autant de travers psychologiques, ce qui finit par les rendre parfois plus détestables que les méchants. J’ai l’impression que pour certains, c’est une course à la déviance ou aux travers. Alors, en effet, les personnages principaux se doivent d’être creusés pour les rendre attachants, nous donner envie de les revoir dans un nouvel opus, mais à ce point, je trouve que ça déclenche l’effet inverse.

Je n’ai rien contre la construction de ce roman en trois parties, censées nous montrer trois points de vue différents. La seconde partie s’appuie sur le frère du capitaine de Almeida, journaliste qui s’acharne sur un tueur de chauffeurs de taxi. Cependant, de nombreuses pages sont consacrées à sa jeunesse et son long périple dans le monde qui n’apporte rien à l’histoire, sauf si vous voulez transformer un polar en guide du routard. Du coup, on se prend à attaquer la lecture en diagonale, et ça, c’est jamais très positif.

Je passe sur des dialogues peu crédibles, des situations et des réactions des personnages surprenantes…

Ce qui me désole, c’est qu’avec un vrai travail éditorial, cette histoire qui possède une base solide aurait pu devenir un bon polar, plus court, plus incisif, moins voyeur et plus efficace. Et quand on sait qu’il a été édité chez Robert Laffont, on est en droit de s’interroger…

C’est un premier roman, alors, misons sur une amélioration pour la suite, mais sincèrement, ce que j’ai lu ne me donne pas envie de retenter ma chance…